(Actualisé avec sondages de sortie des urnes)
par Luiza Ilie et Elizaveta Gladun
Le maire centriste de Bucarest, Nicusor Dan, semblait en passe de remporter l'élection présidentielle en Roumanie dimanche face à un candidat d'extrême droite à l'issue d'un scrutin suivi de près dans toute l'Europe.
Son rival, le candidat nationaliste George Simion, a toutefois contesté ce résultat et revendiqué la victoire peu après la clôture des bureaux de vote.
Selon les sondages de sortie des urnes, Nicusor Dan a obtenu 55% des voix après avoir été talonné pendant des semaines par George Simion, partisan d'une droite dure s'inspirant du président américain Donald Trump.
Nicusor Dan, 55 ans, a basé sa campagne sur la lutte contre la corruption. Fervent partisan de l'UE et de l'Otan, il a répété que le soutien à l'Ukraine était vital pour la sécurité de la Roumanie face à la menace grandissante que représente la Russie.
Le scrutin était potentiellement lourd de conséquences pour l'UE, alors que le président roumain siège à la tête du conseil national de défense - décideur en matière d'aides militaires - et fixe la politique étrangère, ce qui lui confère le pouvoir d'opposer son veto lors de votes à Bruxelles qui requièrent l'unanimité.
Le nouveau président roumain devra nommer un Premier ministre à même d'obtenir une nouvelle majorité au Parlement et d'oeuvrer à l'allègement de la dette publique roumaine - la plus importante parmi les pays de l'UE.
Il aura également pour tâche de rassurer les investisseurs et éviter une dégradation de la notation du pays par les agences de crédit seront également clé.
Un sondage publié vendredi plaçait Nicusor Dan devant George Simion dans les intentions de vote pour la première fois depuis le premier tour du scrutin, avec une marge cependant infime qui pourrait dépendre de la participation des électeurs expatriés.
Selon des analystes politiques, une victoire de George Simion, admirateur de Donald Trump qui revendique s'inscrire dans la lignée des politiques nationalistes du président américain, pouvait isoler la Roumanie sur la scène internationale, nuire à l'investissement privé et déstabiliser le flanc oriental de l'Otan.
Ce scrutin se déroulait en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle de la Pologne voisine, qui devrait déboucher sur un duel entre le maire pro-occidental de Varsovie, Rafal Trzaskowski, et l'historien conservateur Karol Nawrocki.
La perspective de voir s'accroître dans les prochains jours la cohorte de dirigeants eurosceptiques faisait planer la menace de divisions plus grandes au sein de l'UE.
Initialement organisée en novembre dernier, l'élection présidentielle roumaine a été invalidée à l'issue du premier tour par la Cour constitutionnelle à cause d'une ingérence présumée de la Russie en faveur du candidat de l'extrême droite, Calin Georgescu, qui a été interdit de se porter à nouveau candidat. Moscou nie ces accusations.
Cette décision a suscité des critiques de la part de l'administration Trump et a alimenté au bénéfice de George Simion la colère d'électeurs déjà mécontents de la corruption endémique et de la hausse du coût de la vie.
(Reportage Luiza Ilie et Elizaveta Gladun, rédigé par Justyna Pawlak ; version française Jean Terzian et Benjamin Mallet)
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